I – portraits-types des collaborateurs

Les professionnels qui mettent en œuvre la politique d’action sociale des groupes paritaires de protection sociale ou qui proposent et réalisent des services dans le cadre de contrats collectifs, représentent 2,8% des effectifs de la branche professionnelle, soit 929 salariés.
Le champ de l’étude couvre deux profils existant aujourd’hui dans le Répertoire des métiers : le Chargé d’Intervention Sociale et le Chargé de Développement Social. Liés à l’accompagnement et au développement social, ils représentent à eux seuls près de 90% des effectifs dans la famille des métiers de l’action sociale. Les deux autres métiers non couverts par l’enquête sont les intervenants médico-sociaux et les chargés de suivi des établissements médicaux sociaux .

Le profil type du chargé d’intervention sociales

Effectif : 472

Qui est-il ?

C’est l’interlocuteur privilégié des personnes en situation de fragilité, que ce soit pour des raisons familiales, financières, administratives ou professionnelles. En premier lieu, il doit déterminer et identifier les problèmes que la personne rencontre, et, par la suite, lui proposer les solutions adaptées, qui peuvent consister en un dispositif d’aide financière, la réalisation d’une démarche administrative ou l’orientation du bénéficiaire vers les interlocuteurs les plus compétents sur le territoire.

Emplois associés

• Délégué social • Gestionnaire de Prestations Sociales (Collectives/Individuelles) • Gestionnaire Action Sociale et Prévention • Animateur Action Sociale • Accueillant Téléphonique

Domaines d’activités

%

Retraite complémentaire

%

Assurances de personnes

%

Mixtes sur les 2 activités

Genre

Un métier très féminisé
90% de femmes
10% d’hommes

Âge

44
ans
d’âge moyen

%

ont plus de 55 ans

Répartition géographique, le top 5

  • en Ile-de-France 49% 49%
  • en Hauts-de-France 13% 13%
  • en Auvergne-Rhône-Alpes 8% 8%
  • en Grand Est 6% 6%
  • en Occitanie 5% 5%

Domaines de formation

%

Action sociale

%

Commercial & Marketing

%

Sécurité et services de l’entreprise

%

Développement personnel

%

Environnement pro

Sources : Profil de branche 2019 et Enquête Formation 2019, Données effectifs au 31/12/2018

Le profil type du chargé de développement social

Effectif : 211
Les effectifs de Chargé de développement social ont doublé. Le métier ne représentait que 16% des effectifs en 2014, il représente désormais 31% en 2018.

Qui est-il ?

C’est le garant des projets d’Action Sociale. En premier lieu, il met en œuvre des actions collectives de prévention destinées aux actifs aux retraités ou à leur famille. Il a également pour mission de développer et d’animer un réseau partenarial de proximité (associations, institutions…) dans le cadre de la mise en place de nouvelles actions de prévention et de la promotion des projets et programmes de l’action sociale.

Emplois associés

• Responsable déléguation social • Responsable Action Sociale Régionale • Responsable Action Sociale Collective/Individuelle • Chargé d’étude Action Sociale • Attaché des relations extérieures

Domaines d’activités

%

Retraite complémentaire

%

Assurances de personnes

%

Mixtes sur les 2 activités

Genre

Un métier très féminisé
93% de femmes
7% d’hommes

Âge

47
ans
d’âge moyen

%

ont plus de 55 ans

Répartition géographique, le top 5

  • en Ile-de-France 30% 30%
  • en Hauts-de-France 11% 11%
  • en Auvergne-Rhône-Alpes 11% 11%
  • en Provence-Alpes-Côte-d’Azur 8% 8%
  • en Pays de la Loire 7% 7%

Domaines de formation

%

Action sociale

%

Commercial & Marketing

%

Sécurité et services de l’entreprise

%

Environnement pro

%

Conseil & Pilotage

Sources : Profil de branche 2019 et Enquête Formation 2019, Données effectifs au 31/12/2018

Quelles sont leurs motivations ?

Une enquête en ligne a été diffusée au mois de mai 2019 par l’Observatoire des métiers, et complétée par 123 collaborateurs de l’action sociale de la Branche. Tous les résultats présentés sont issus de cette enquête.

%

Avoir un métier qui a du sens, le sentiment d’être utile

%

Avoir un métier de contact, de relations humaines

%

Avoir un rôle d’accompagnateur, de facilitateur, d’apporteur de solutions

%

La polyvalence, la diversité des tâches et des missions

%

Le travail en équipe

Les métiers de l’action sociale incarnent les valeurs de la protection sociale

L’humain est au cœur des métiers de l’action sociale. Ce sont des métiers de vocation, gratifiants, socialement utiles et qui ont un réel impact sur les personnes. Ils concentrent en leur sein, l’ADN de la protection sociale. L’empathie et la bienveillance en sont de fait les premières compétences attendues dans ces métiers.

Beaucoup de collaborateurs émettent le souhait de pouvoir évoluer vers les métiers de l’action sociale, et notamment pour les valeurs associées à cette activité.

Martin Golomer

Partenaire RH, Malakoff Humanis

Au cœur des motivations : le sens, le sentiment d’être utile

Les collaborateurs, en contribuant à l’accompagnement des personnes dans toutes les étapes de leur vie, semble en retirer « une grande satisfaction » ou « une grande reconnaissance » selon les propos recueillis lors de l’enquête en ligne. « Le sens » – comme moteur de motivation – arrive largement en tête du classement.

Le côté humain de l’activité est plus que nécessaire actuellement. Il apporte à tous ceux qui ont besoin d’aide comme à ceux qui apportent de l’aide.

Réponse d’un(e) participant(e) à l’enquête

Effectifs : 3 dynamiques

1. Des effectifs en hausse

On constate une augmentation totale des effectifs de l’action sociale entre 2014 et 2018, de 615 à 683 collaborateurs, soit une hausse de +11% en quatre ans.

2. Le chargé d’intervention sociale

Le Chargé d’intervention sociale reste le métier le plus représenté dans l’Action Sociale. Mais entre 2014 et 2018, on assiste à une diminution des effectifs. Il ne représente plus que 69% des effectifs en 2018, contre 84% en 2016.

Les effectifs :

3. Le chargé de développement social

Les effectifs de Chargé de développement social ont doublé. Le métier ne représentait que 16% des effectifs en 2014, il représente désormais 31% en 2018.

Les effectifs :

1 La priorité donnée aux actions collectives mis en œuvre avec les partenaires publics et privés
2 Le développement des actions collectives communautaires(sortir plus, bien vieillir par exemple)

3
La volonté de limiter les aides individuelles et la suppression de certaines aides individuelles récurrentes (rentes de veuve, bourses d’étude par exemple)

4
Le développement de projets en partenariat pour mailler le territoire et massifier les actions des groupes

Mobilité : 3 tendances

1. Des passerelles vers le chargé de développement social

36% de Chargés de développement social en 2018 sont issus du métier de Chargé d’intervention sociale. Ce passage d’un métier à un autre semble assez naturel et s’explique le plus souvent par une montée en compétences.

2. Une grande hétérogénéité des profils de chargé de développement social

Les profils actuels de Chargé de développement peuvent être issus du management, du commercial ou du marketing, sans doute pour répondre aux nouveaux besoins en compétences commerciales et marketing dans l’Action Sociale, particulièrement du côté assurance de personnes.

3. Vers un décloisonnement des métiers l’action sociale

Avec l’ouverture et la professionnalisation de l’action sociale, les profils généralistes sont de plus en plus recherchés, au détriment de profils plus orientés sur la pratique sociale. Les chargés de développement social sont notamment recrutés parmi les profils de type « chefs de projets » au sein de certains GPS (Malakoff Humanis et AG2R La Mondiale entre autres), pour organiser des actions de prévention, par exemple. Inversement, les salariés de l’action sociale peuvent évoluer vers les fonctions du Conseil et Gestion, la gestion de projet et la MOA ou encore des fonctions de management de service.

C’est la première fois qu’on voit des gens sortir de l’action sociale pour aller vers d’autres métiers

Anne Saint-Laurent

Ancienne directrice Action Sociale Agirc-Arrco

Étude sur la mobilité du chargé d’intervention sociale entre 2014 et 2018

D’où viennent-ils ?

%

Encore en poste

%

Nouveaux embauchés

%

Conseil et gestion

La tendance la plus forte depuis 2014

2/3 sont encore en poste

Où vont-ils ?

%

Chargés de développement social

%

Mobilité vers une autre entreprise

%

Conseil et gestion

Le mouvement le plus fort depuis 2014

%

sont devenus chargés de développement social

Source : étude mobilité interne des métiers de l’action sociale entre 2014 et 2018, Observatoire des métiers des qualifications de la retraite complémentaire et prévoyance

Étude sur la mobilité du chargé de développement social entre 2014 et 2018

D’où viennent-ils ?

%

Encore en poste

%

Chargés d’intervention sociale

%

Nouveaux embauchés

%

Commercial et marketing

%

Management

La tendance la plus forte depuis 2014

%

sont encore en poste

Le mouvement le plus fort depuis 2014

%

des chargés de développement étaient chargés d’intervention sociale auparavant

Où vont-ils ?

%

Managers de proximité

%

Conseillers Maîtrise d’Ouvrage

%

Chargés d’intervention sociale

Source : étude mobilité interne des métiers de l’action sociale entre 2014 et 2018, Observatoire des métiers des qualifications de la retraite complémentaire et prévoyance

Ii – tendances d’évolution des métiers au sein des gps

1. Vers une hybridation des métiers de l’action sociale

La définition ou la segmentation des deux profils métiers en charge de l’accompagnement et du développement social, identifiés dans le Répertoire des métiers en 2007 – Chargé d’intervention sociale et Chargé de développement social – s’est avérée, au cours des ateliers du Cercle de l’Observatoire, ne plus être tout à fait en phase avec la réalité actuelle de certains GPS. Si ce découpage métier a été initialement pertinent, les frontières semblent en effet de plus en plus floues entre ces deux métiers. Les intitulés et les périmètres d’action s’avèrent variables entre GPS (responsabilité, autonomie, activités).

Nous nous sommes effectivement aperçus lors du premier atelier sur l’évolution des métiers de l’Action Sociale, côté Retraite, qu’il y avait de fortes différences au niveau des emplois au sein de l’AS, d’un GPS à un autre, en termes de nomenclature et d’activité.

Christie MASSON

Responsable RH (HR Business Partner), Apicil

2. Vers une industrialisation et une ingénierie des services

1. Automatisation des traitements

Le développement de l’automatisation des traitements est plus caractéristique des processus de gestion des aides individuelles. Avec l’essor du « self-care », une partie des demandes d’aides individuelles – qui répondent à un besoin ponctuel et sont établies sur un certain nombre de critères principalement sociaux – peut être digitalisée et gérée directement par le bénéficiaire. Le traitement du dossier, l’étude des droits, le versement… peuvent également être automatisés et suivis en ligne. Néanmoins, il ne faut pas oublier la démarche d’écoute, d’orientation et de conseil qui exige un contact humain. Une fidélité à la mission de l’action sociale d’autant plus importante que l’aide est accordée à une population souvent en détresse ou en situation de fragilité.

Nous restons avant tout dans l’Action Sociale… Donc, la tendance à “l’automatisation” et à “l’industrialisation” est à mettre entre beaucoup de guillemets, car elle est contrebalancée par le côté nécessairement humain de l’activité.

Régine TAMBRUN

Formatrice, Ircem

2. Innovation et Ingénierie sociale

La conception de nouveaux services de l’actions sociale Le développement de services s’inscrit dans un contexte de renouveau de l’action sociale dont l’une des principales orientations futures est de s’inscrire dans une approche centrée sur le client, ses besoins, ses attentes. Une action sociale sur mesure Dans le cadre des actions collectives, les réponses sont plus personnalisées, orientées vers le sur-mesure, pour mieux satisfaire les attentes et proposer des solutions toujours plus adaptées. Cependant la piste du sur-mesure pour les cas individuels peut également s’envisager dans une démarche de case management. Cette démarche consiste en un accompagnement global d’un client en grande difficulté sur tous les aspects de sa vie. Le passage d’un « opérateur » à un « ensemblier » ou « coordinateur » Selon François-Xavier Selleret, Directeur Général de la fédération Agirc-Arrco, «Il faut aujourd’hui organiser, répartir les actions et partant, coordonner les actions, plus que les opérer systématiquement ». L’une des priorités pour les métiers de l’action sociale est ainsi de faire le lien entre les acteurs qui existent sur le marché et qui ont davantage de légitimité dans « l’opérationnel ».

C’est à nous d’être innovant dans la proposition de nos services pour pouvoir être vraiment différenciant. L’action sociale n’est pas encore forcément connue, la digitalisation de certains services nous permettrait une meilleure visibilité, tout particulièrement auprès des petites entreprises.

Hélène Dufour

Directrice adjointe, Direction des engagements sociaux et sociétaux, Malakoff Humanis

3. Une recherche de démultiplication

La démultiplication des démarches d’action sociale est considérée comme le modèle le plus efficace pour renforcer la « force de frappe » de l’action sociale selon les termes de François-Xavier Selleret. Il s’agit désormais de réfléchir dès la conception de services à leur caractère industrialisable, à leur pérennité et à leur rentabilité. Un nouveau schéma industriel où les services deviennent des outils simples « clés en main », au service du plus grand nombre de clients ou de ressortissants, sur l’ensemble des territoires.

4. Les spécificités côté assurance de personnes et retraite complémentaire

Même si le modèle de séparation entre les métiers de l’Assurance de Personne et de la Retraite Complémentaire n’est pas partagé par tous les GPS, il existe des spécificités liées aux métiers de l’assurance de Personne ou de la retraite complémentaire. Une posture plus commerciale du collaborateur côté assurance de personnes Les chargés de développement sont régulièrement en contact avec les clients, ils participent aux réponses aux appels d’offres et présentent les services de l’action sociale aux entreprises. Leur savoir-faire devient un argument commercial revendiqué par les GPS comme un “différentiateur” concurrentiel assumé. Une posture plus politique, côté retraite complémentaire Les chargés de développement, côté retraite complémentaire, sont plus régulièrement en contact avec les élus des collectivités territoriales et peuvent participer aux conseils régionaux, généraux et communaux afin de contribuer à l’orientation de la politique sociale sur le territoire.

Cartographie des intitulés d’emplois au regard des activités

vers une plus grande hybridation des activités

Des chefs de projets, transverses à l’entreprise, dédiés au management de projets d’action sociale

Au sein de l’action sociale, la plupart des collaborateurs ont un emploi propre à l’action sociale mais un certain nombre de chef de projets ou de responsables de projets dont l’emploi est transverse, travaillent sur des dispositifs collectifs sans être rattachés à la famille « action sociale ». Ce phénomène est notamment plus spécifique aux groupes Malakoff Humanis, AG2R La Mondiale et IRP Auto.

Des gestionnaires de demandes individuelles évoluant vers un périmètre d’activité plus large de gestion d’actions collectives, en mode projet : vers un rapprochement des activités ?

Avec l’essor des actions collectives, le travail en mode projet, un certain nombre d’emplois initialement assimilé au chargé d’intervention sociale ou délégué social – originellement plutôt conseiller en prestations sociales, tourné vers les assurés – peut aujourd’hui élargir son périmètre d’activité, sortir du cadre individuel pour partager certaines activités avec le chargé de développement social et se consacrer au traitement de dossiers collectifs, voire au développement des offres sur le territoire avec des partenaires. Les domaines de formation tendent en conséquence à s’élargir pour satisfaire cette montée en compétences.

Nous déployons une action de formation qui s’adresse à une centaine de collaborateurs, pratiquement l’ensemble de la famille Action Sociale. Elle porte sur le développement de partenariats avec des associations. Le but est de permettre à chacun – gestionnaire ou chargé de développement – de sortir de son silo.

Philippe DE VAUGIRAUD

Responsable Département RH, AG2R La Mondiale

Ce qu’il faut retenir

La priorité donnée aux actions collectives, la volonté de limiter les aides individuelles et le développement de projets en partenariat, favorisent un rapprochement des activités entre le chargé d’intervention sociale – originellement orienté vers l’assuré – et le chargé de développement social – en pleine expansion. Les métiers de l’action sociale ont ainsi évolué vers plus d’ingénierie de services, de pilotage de projets, de coordination et de création de lien entre les acteurs de l’action sociale ayant davantage de légitimité dans « l’opérationnel ». La séparation de l’action sociale entre retraite complémentaire et assurance de personnes engendrent des évolutions distinctes.

Les principales spécificités du chargé de développement social, côté assurance de personnes

Un travail en synergie avec les équipes commerciales
Une participation aux réponses à Appel d’Offres
Une intégration renforcée à la chaîne de valeurs

Les principales spécificités du chargé de développement social, côté retraite complémentaire

Un travail en synergie avec les collectivités, les élus et les partenaires associatifs pour dynamiser l’action sociale sur le territoire
Une participation aux conseils territoriaux pour contribuer à l’orientation de la politique sociale et à l’expansion des services

Ce qu’ils en pensent

La gestion de projet et la recherche d’efficience guident l’évolution des métiers de l’action sociale

Louis Bisson

Ancien Directeur des réalisations sociales, Humanis

Les métiers de l’action sociale entrent dans la logique des méthodes dites de gestion de projet tout en assurant le maintien d’un savoir-faire adapté à l’analyse de situation pour développer des réponses individuelles et collectives en fonction des dispositifs existants dans le cadre des politiques d’action sociale. Le deuxième aspect de l’évolution des métiers de l’action sociale, selon moi, est de s’adapter à la recherche d’efficience dans un cadre économique contraint. Par rapport aux formations traditionnelles de ces métiers, ceci suppose que l’on soit en mesure d’intégrer dans les parcours des collaborateurs des modules de formation leur permettant d’intégrer, dans leurs pratiques professionnelles, cette demande de recherche d’efficience selon le rapport efficacité /coût afin d’évaluer son utilité sociale d’ensemble.
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